Face est du 3e pilier sud de la ne
Cet emplacement est le mieux exposé à la lumière du jour, encore maintenant malgré le porche ajouté tardivement devant le portail sud. Que l'on entre dans l'église ou que l'on en sorte, le profil du "singe" se détache soit clair sur fond très sombre, soit à contre-jour. D'un symbolisme simple, il rappelle son devoir spirituel à chaque moine entrant ou sortant.
Sur ce chapiteau l'angle droit de la corbeille est occupé par un personnage assis sur les fesses, au faciès, aux mains et aux pieds étirés vers le haut, simiesques. La présence d'un sexe (martelé) confirme son animalité. (→note)Au 12e siècle le sexe humain continue encore à être masqué ou voilé sur les statues et les peintures religieuses
Fait important, il n'est retenu par aucun lien, contrairement à la représentation constante de singes "cordés"., . Par contre une coiffe posée sur sa tête indique son humanité (depuis la Chute seul l'homme est vêtu pour cacher sa nudité). Membres supérieurs et inférieurs relevés, il touche le tailloir de ses mains et de ses pieds.
L'homme occupant l'angle gauche est à genoux (mais ce n'est pas une attitude de prière), levant son bras droit mais sa main n'atteint pas le tailloir. De sa main gauche il tient une massue ou s'agrippe à un arbre.
Humain portant le poids du péché et plongé dans son existence matérielle.
(Droite et gauche s'entendent toujours par rapport aux personnages du chapiteau. Voir chapiteau 5.)
La figure animaloïde de droite est traitée dans la verticalité : son corps et ses membres s'étirent vers le haut, et touchent le ciel, alors que le personnage humain, à gauche est plus tassé vers la terre, avec des membres plus ou moins horizontaux ou obliques. (→note)Dans son ouvrage "Periphyseon", Jean Scot Èrigène, oppose : "le corps « qui a une forme verticale et humaine » et « celui qui a une forme courbée et animale » 67. Le péché a fait descendre l’humanité au rang des animaux (Copié dans "D. Bonnet Saint-Georges, « Jean Scot à Cluny : Proposition de lecture pour le chapiteau du Péché originel », Revue Mabillon, Nouvelle série 17 ")
Cette représentation est à première vue illogique. En effet,
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En réalité ce singe n'est pas réellement un animal, car seul un humain peut porter un vêtement, une coiffe.
Vu sous cet angle, l'interprétation du chapiteau devient parfaitement logique : c'est la voie du renouveau clunisien, celle, spirituelle, de l'humain qui volontairement retourne à l’innocence primaire pour se rapprocher de Dieu plutôt que celle de l’empêtrement dans le quotidien matériel nous rabaissant vers l'animalité.
Et, en sous-entendu, la lecture primaire du chapiteau montrant la situation que nous devons abandonner : l'innocence réservée à l'animal qui le rend proche de Dieu, alors que l'homme s'en éloigne de par sa nature pécheresse, depuis le péché originel ?